Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Jacques Brel
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Jacques Brel
Le site Forêt gétule est dédié au Barrage vert et plus généralement aux plantations forestières dans la steppe et l’Atlas saharien. Le Barrage vert est un immense projet de reboisement imaginé et proposé dès la fin des années 1960 – avec une autre dénomination toutefois – dans le but de porter le taux de boisement de ces régions semi arides à un niveau satisfaisant.
À l’origine, les plantations du Barrage vert devaient accompagner l’aménagement généralisé et effectif des formations forestières naturelles et l’installation progressive d’une industrie du bois utilisatrice de produits ligneux locaux – essentiellement le pin d’Alep. On prévoyait un volume de matière première en continuelle augmentation du fait de la réoccupation par les arbres des vides en forêt , et du développement des plantations.
Le Barrage vert originel (1968-1973) couplé à une sylviculture raisonnée et pérenne constituait l’occasion d’asseoir la base d’une activité forestière constructive et du même coup de se départir des pratiques conduisant à l’érosion, la déforestation, la désertification, qui précèdent fréquemment la paupérisation, le sous-développement, la misère, l'anarchie sanglante.
Les autorités renoncèrent au Barrage vert originel sans crier gare, sans explication aucune. Le projet transmis à la présidence de la République à la fin de l’année 1973 disparut; les copies du document également.
Une tentative de reconstitution du projet – de mémoire principalement – eut lieu en 1989 à l’occasion de l’élaboration de l’ouvrage Le Préaménagement forestier; l’effort s’est poursuivi avec la généralisation d’Internet et la mise à la disposition d’un large public de l’imagerie Google Earth.
Avec les moyens insignifiants actuellement disponibles, il faudra un temps très long pour présenter les informations autorisant une bonne compréhension du Barrage vert qui n’a été au départ et contrairement à ce qui est allégué ici et là, ni une barrière d’arbres édifiée pour faire obstacle à l’avancée du désert, ni un outil de propagande pour le bénéfice d’un pouvoir, ni une entreprise s’inspirant d’initiatives nées ailleurs – en Chine par exemple.
Depuis 2007, on distingue trois Barrage vert.
1 - Le Barrage vert originel ( 1968-1973) dont la doctrine est rapidement exposée au chapitre 20 du volume 1 de l’ouvrage Le préaménagement forestier .
La définition de ces afforestations de grande ampleur proposées dès 1968 et qui devaient avoir pour cadre géographique les Hautes plaines et l'Atlas saharien - réalisations désignées ultérieurement sous le vocable de Barrage vert pourrait être la suivante:
«Peuplements forestiers de grande étendue, d'origine artificielle, à fonction mixte de production et de protection, croissant sur des territoires initialement asylvatiques des Hautes plaines et de l'Atlas saharien.
À l'étape précédant leur installation, les reboisements du Barrage vert relèvent généralement du préaménagement orthogonal , les surfaces fortement déclives ne devant le plus souvent faire l'objet que de mises en défens strictes.
La mise en place des projets relevant du Barrage vert suppose au préalable l'existence d'une évaluation technique, économique et écologique notamment du point de vue de l'origine des graines, de la conduite des semis, de la gestion informatisée des territoires et des opérations, de la tenue des sommiers, des types de produits escomptés, des conséquences sur l'environnement.»
Le Barrage vert originel n’a reçu un début d’application que dans la wilaya de Djelfa, principalement dans le périmètre de reboisement de Moudjebara.
2 – Le Barrage vert institutionnel (1974-1989) engagé avec le concours du ministère de la défense nationale – Haut-commissariat au service national - mais sous le contrôle de l’administration forestière.
Jusqu’à plus ample informé, les tenants et aboutissants de cette entreprise qui dura une quinzaine d’années n’ont jamais été définis. L’initiative a été laissée à chaque responsable régional de mener les travaux selon son inspiration personnelle.
3 – Le Barrage vert sectoriel (1990-2011) relève exclusivement de l’administration forestière ; dans ce cas également les directives techniques précises tardent à apparaître et les opérations sont laissées à l’initiative des autorités forestières subalternes locales.
De nombreux documents élaborés dans le cadre d’engagements internationaux se rapportant à la lutte contre la désertification existent mais leur formulation, très générale, ne diffère pas du style habituel des institutions onusiennes à attributions environnementales.
Autant dire par conséquent que la qualité des plantations de ce début des années 2010 est fréquemment inférieure à celle de la fin des années 1960.
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Quelques mots à présent sur les trois photographies placées à la partie supérieure de cette page d’accueil.
- La photo de gauche a pour auteur Alfiodor; elle figure sur Google Earth-Panoramio et représente une partie de la bande routière de reboisement Djelfa- Bou Saada (Barrage vert originel).
- La photo du milieu – de A. Chouiha - est également un document Google Earth-Panoramio. L’image montre la Route Bérini ouverte en 1968 lors des travaux de compartimentage préalables à l’aménagement de la forêt domaniale de Senalba Chergui (région de Djelfa). On peut également observer les excellents phénotypes des pins d’Alep de cette provenance de l’Atlas saharien central.
- La photo de droite est de H. Mouissa, ingénieur forestier. L’image représente une partie du reboisement de Moudjebara (Barrage vert originel) ainsi qu’une des lignes du compartimentage orthogonal du projet.
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